Le Plan Epargne Retraite est un des placements préférés des français. Chaque année, des millions de PER sont ouverts ou alimentés. On a déjà largement débattu des avantages de ce placement qui permet de réduire sa fiscalité tout en préparant la retraite (voir par exemple la conférence : quel est le meilleur PER ?). Cela étant, je vois beaucoup de dérives et il n’y a rien de pire que de placer son argent sur le PER si on ne profite pas des avantages. Au lieu de vous mettre une énième fois en avant les qualités de ce produit qui ne sont plus à démontrer, je vais faire l’inverse. Nous allons voir 5 inconvénients du Plan Épargne Retraite. Si vous êtes dans une situation décrite, il est important de bien réfléchir avant d’investir. Je vois malheureusement beaucoup trop de gens qui placent sur un PER alors qu’ils n’en ont aucune utilité.
Sommaire
Le gain fiscal du PER n’est pas utilisé.
La première situation où le PER est affreux est la suivante. L’argent placé ne procure pas la déduction fiscale. C’est alors un raté complet et vous avez fait un très mauvais choix. Cela arrive bien entendu si vous placez les fonds et que votre impôt est nul. Idem si vous avez un impôt faible et qu’une partie de la déduction du PER vous rend rapidement non imposable. Ces situations abusives arrivaient souvent par le passé avec des PER ouverts par les professionnels sans simulations. Aujourd’hui, le grand public est averti et les professionnels formés, ce qui rend ces cas plus rares. Malheureusement, on a une dernière situation qui perdure et qui est bien plus technique.
Le PER procure une déduction qui vient s’enlever des salaires avant calcul de l’impôt. Cela diminue la fiscalité. Une fois calculé, on enlève ensuite les « réductions d’impôts » qui sont différentes des « déductions ». Les gens qui ont des grosses réductions d’impôt ont parfois un impôt fort, mais qui est ensuite annulé par ces niches fiscales. On peut citer notamment le Pinel, Duflot, Scellier, Girardin industriel… L’investissement PER parait une bonne idée, car la déduction intervient avant le calcul de l’impôt et le professionnel verra sur son outil un gain important. Mais la baisse fiscale peut rendre l’impôt trop faible et les réductions qui arrivent ensuite ne sont pas utilisées en totalité. Rappelons qu’une réduction non utilisée n’est pas remboursée et parfois non reportable donc juste perdue. C’est très fréquent que des contribuables avec du Pinel / Duflot … aient une grosse imposition, fassent un PER …et ne se rendent pas compte qu’ils ne bénéficient pas du tout du gain fiscal car l’avantage du PER est complétement gommé par la perte de l’utilité des réductions d’impôt. Une erreur très fréquente que je détaille complétement ici : PER et réduction d’impôt : attention à l’erreur !
2- L’argent sur le PER n’est plus disponible.
Vous le savez surement et vous serez prévenu à l’ouverture et à chaque versement. L’argent placé sur un plan épargne retraite n’est pas accessible. C’est un produit bloqué. C’est un énorme inconvénient et prenez bien conscience que c’est réellement inaccessible. Outre le départ à la retraite, l’acquisition d’une résidence principale ou quelques situations très particulières (perte d’emploi etc…), les fonds placés et gagnés sur le plan épargne retraite ne sont pas disponibles du tout ! Ne pensez pas qu’en allant râler à la banque ou en justifiant que vous avez des travaux ou besoin des fonds, ça passera… mettre les sommes sur le PER, c’est faire comme si cet argent n’existait plus jusqu’à la retraite.
Il est indispensable de l’envisager avant tout placement et d’intégrer cette notion. On ne met que des fonds dont on n’a pas besoin sur un PER, car on ne les retrouvera plus avant un moment.
Le retrait à court terme est contre-productif.
Le gros point noir du PER est que vous serez fiscalisé sur toute la somme lorsque vous allez retirer l’argent. Si vous placez 1 000 € sur le PER et qu’il y’a 1 200 € au moment de le clôturer, l’impôt sera calculé sur une base de 1 200 €. Habituellement, c’est uniquement la plus-value qui est imposée (200 € ici) mais pas avec le PER. Cet aspect est contrebalancé par le fait que la somme placée bénéficie d’une déduction fiscale lors du versement. Pour avoir un gain, on peut donc espérer avoir un taux d’impôt important à l’entrée (grosse déduction sur les 1000 € ici) et un taux d’impôt faible à la sortie (peu de fiscalité sur les 1200 € ici). Cela arrive quand on place pendant que l’on travaille et que l’on retire les fonds à la retraite en supposant que les salaires (supérieurs aux pensions) fassent qu’on soit dans une tranche d’impôt plus forte qu’à la retraite.
Même en se basant sur cette hypothèse, c’est souvent assez faux. Il est possible que votre tranche fiscale soit la même malgré la baisse de revenus. Il est possible que vous ayez des parts supplémentaires pour enfants à charge au versement que vous n’aurez plus à la sortie lors de la retraite. Mais même si on perd cet argument, le couple « gain fiscal sur tout à l’entrée / perte fiscale sur tout à la sortie » reste intéressant sur le PER pour une autre raison : le temps !! L’attrait du PER vient du fait que le gain en votre faveur arrive immédiatement et que la perte arrivera plus tard. Plus le temps passe entre l’ouverture et la clôture, plus vous aurez fait une bonne opération au niveau fiscal même si le taux d’impôt est fixe entre les deux situations. Préférez-vous avoir 100 € aujourd’hui ou dans 10 ans ? On les veut aujourd’hui et c’est bien meilleur au niveau de la rentabilité.
De fait, si vous ouvrez un PER afin de le clôturer dans 1 ou 2 ans pour une raison ou une autre, intégrez bien que le gain fiscal est surement inexistant. Tout sera fiscalisé à la sortie et vous allez annuler le gain en impôt perçu lors de l’entrée. Pas sur alors que vous ayez fait la bonne opération avec un PER. Rappelons qu’il y a souvent des frais annexes et une ouverture/retrait sur une période rapide n’est pas une bonne chose.
L’incertitude temporelle peut transformer le gain fiscal en perte.
Si on continue dans la logique du point précédent, on peut noter que le PER engendre parfois une hausse de l’impôt au lieu d’un gain. En effet, si votre tranche d’imposition à la sortie est supérieure à la tranche lors de l’entrée, vous êtes perdant. Si je gagne 30% de déduction sur 10 000 € placés sur un PER à l’entrée, mais que je supporte 41% d’impôt sur les 10 000 € quand je les retire, je n’ai pas eu le nez creux. Cet aspect n’est même pas envisagé… évidemment ce n’est pas bien vendeur… et l’argument de dire qu’on entre avec un salaire et qu’on sort avec une retraite laisse penser qu’on aura bien un taux fort à l’entrée et faible à la sortie.
Cela étant, l’incertitude du futur et des évènements de la vie font que cette situation arrive bien plus souvent qu’on ne le pense. On peut déjà imaginer que le gouvernement puisse changer les taux d’imposition dans le temps. Si demain les tranches d’impôt augmentent, votre PER sera plus imposé à la sortie que vous ne l’aviez prévu. De manière plus réaliste, certains investisseurs reçoivent aussi des héritages ou voient leur patrimoine augmenter de manière importante dans le temps. Peut-être que votre retraite sera plus faible que vos salaires…mais si vous avez d’autres revenus provenant de locations issues de bien hérités, d’actions acquises etc… votre tranche fiscale à la sortie du PER peut s’avérer plus importante qu’à l’entrée ! Je vois de tels cas régulièrement et l’investissement PER est alors contreproductif.
Attention à la transmission après 70 ans pour le PER.
Ce dernier inconvénient est plus particulier, mais je le rencontre parfois et il est important de le mentionner. Si vous faites l’option de retirer votre PER non pas en un seul coup, mais sous forme de retraite complémentaire, un inconvénient peut apparaitre après 70 ans. En cas de décès, votre PER a une valeur qui dépend de ce qu’il y avait dessus moins le total des rachats partiels complémentaires. Au décès, le PER sera clos et le solde sera versé aux héritiers avec une fiscalité successorale spécifique. Il y’a un abattement de 30 500 €, puis les sommes sont fiscalisées selon les droits de succession classiques.
Dans l’optique où le bénéficiaire de votre succession est un conjoint marié, partenaire de pacs ou les enfants, tout va bien. Le taux d’imposition est nul ou acceptable. Mais si vous souhaitez privilégier un étranger à la famille ou même des frères, sœurs, neveux, cousins… on a des taux fiscaux sur la succession pouvant atteindre 35% à 60 % ce qui est énorme. Inutile de vous dire qu’on aurait bien aimé que l’argent soit ailleurs que sur un PER pour l’allouer à des placements plus favorables à la transmission successorale.
Bonjour
Dans le paragraphe ‘Le retrait à court terme est contre-productif’ vous indiquez que, à la sortie du PER, l’IR s’applique sur les versements déduits et sur les plus-values qu’ils ont générées
(versement déduit 1000 €, valeur à la sortie 1200 €, base IR = 1200 €).
Cela paraît contradictoire avec cet article ‘officiel’
https://www.economie.gouv.fr/particuliers/plan-epargne-retraite-individuel#PER%20fiscalit%C3%A9%20entr%C3%A9e
– les versements déduits sont bien soumis à l’IR
– par contre les plus-values générées sont soumises au PFU (12,8% + 17,2%).
Pourriez-vous clarifier ce point ?
Bien cordialement
Jean-Jacques
Bonjour,
Oui, c’est juste mais dans les deux cas c’est l’IR. C’est juste que l’IR est différent pour la partie issue des versements et celle issue des plus-values.
Cordialement.